256 : lapidation

Le 7 avril 2007, Du'a Khalil Aswad, 17 ans, fut lapidée pour avoir aimé un homme d'une autre religion (voir ici^).

Ondřej Adámek^, compositeur tchèque né en 1979, a écrit "Kameny", en hommage à cette jeune femme, sur un poème de l'islandais Sjón (qui a beaucoup écrit pour Björk) intitulé "une tentative de ressusciter Du'a Khalil Aswad".

Ce poème met en parallèle le rêve d'un enfant qui lance des pierres et les regarde s'envoler, et un article de journal relatant cette exécution atroce. Voici un extrait du texte :

la main de l'homme ressemble à une aile déployée
qu'elle lance de petits cailloux
ou une pierre grosse comme le poing
...
la grosse pierre n'interrompt pas sa course avant d'atterrir sur le corps d'une amoureuse
...
au dieu des frères de la jeune lapidée
je dédie ce poème en rappel de sa vie.

Cette œuvre a été créée le mardi 29 janvier 2013 à la Cité de la Musique par l'Ensemble Intercontemporain sous la direction de Georges Benjamin. Ce fut un grand moment de musique, comme on n'en connaît qu'un ou deux par an !

Un peu intrigant au début, avec cette distribution silencieuse de galets aux musiciens et chanteurs, mais rapidement on se laisse prendre par cette musique originale, douce ou violente, aux timbres étranges, aux instruments étrangement joués, aux objets sonores variés, avec ses quelques bribes d'orientalisme. On s'y laisse prendre d'autant plus que plane l'ombre de cette malheureuse martyre victime de la haine et de l'intolérance

Pour ceux qui auraient la curiosité de l'écouter (et une 1/2 heure à ... "perdre" !), je vous mets le lien ci-dessous. Si vous êtes a priori allergique à la musique contemporaine, aurez-vous le courage de faire l'essai en oubliant tous vos repères musicaux traditionnels, comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre avec accompagnement musical (la gestuelle des musiciens s'y prête assez bien) et ... en pensant à Du'a ... ?

Mais n'écoutez ça qu'avec un casque ou des écouteurs pour ne pas affadir la riche variété des timbres et anéantir leur spacialisation !


Ce soir-là, on a aussi écouté :
la "Messe pour chœur mixte et double quintet à vent" de Stravinski, du vraiment bon Stravinski !
"Three Inventions for Chamber Orchestra" de G. Benjamin, dont j'ai brièvement rendu compte ici^.
et "Cummings ist der Dichter", une belle œuvre de Boulez (une fois n'est pas coutume !)

Je vous laisse également cette dernière en lien :


1 commentaire:

Pacolem a dit…

Intéressante expérience sonore...
Mais ça me fait trop penser à un film d'angoisse dans les Carpathes !