279 : havre de paix

Il fallait vraiment l'exposition Nicolas de Staël^ pour nous pousser à aller au Havre ! Une ville reconstruite après la guerre, quel intérêt ? Et bien il ne nous a pas fallu une heure pour être séduits par cet urbanisme "des années 50" que nous avions méprisé comme beaucoup jusque là ! 

De larges rues et avenues calmes et aérées, bordées de petits immeubles de 4 ou 5 étages, de rares "tours" d'à peine le double de hauteur, de nombreux magasins en rez de rue, un marché couvert très agréable, une impression de "bien-vivre" et de calme. On est loin de la sinistre image stalinienne qu'on imaginait, on se sent plutôt dans un film de Jacques Tati !

On connaissait déjà l'architecte Auguste Perret^, le maître du béton armé, par ses réalisations Art Déco parisiennes (théâtre des Champs Élysées et Palais d'Iéna notamment). On découvre ici qu'il est aussi un urbaniste génial qui a réussi à construire une ville et un habitat pensés avant tout pour le bien-être de ses habitants (80 000 sinistrés à reloger ...). 

La visite de l'appartement-témoin, meublé d'époque dans ses moindres détails (il y a même un philodendron !) est particulièrement amusante et instructive.

Et au milieu de ces quartiers d'habitations, non loin du marché, l'église Saint-Joseph (de Perret toujours), qui n'est rien moins qu'un chef d'œuvre. L'extérieur est déjà époustouflant, comme un énorme minaret dominant la ville, mais l'atmosphère intérieure est magique, illuminée par des milliers de petits vitraux en camaïeu multicolore qui s'élancent vers le vide de la flèche à plus de cent mètres de haut !

Le Havre est aussi un important port de commerce et le va-et-vient des porte-conteneurs est incessant.

L'exposition De Staël quant à elle était absolument magnifique, l'une des plus belles que nous ayons jamais vues.

C'est vous dire combien cette escapade fut réussie : nous n'aurons plus besoin d'un prétexte pour aller au Havre : c'est respirer la mer à deux heures de Paris dans une ville surprenante.