209 : c'rocky'gnoles.5 [guenilles>noir]

[guenilles]
Une masse de déchets comble le fond de cette baie bordée de bidonvilles ; sur un ponton de planches, caressée par la brise, déguenillée, elle joue avec un sac en plastique d'une vive couleur : y a-t-il ici plus joli que ces grands papillons colorés emportés par le vent qui, doucement, les dépose sur la mer ?

[au revoir]
Dites, monsieur, j'aimerais vous inviter à mon pot de départ (il ne le connait que de vue, vaguement) — ah, très bonne idée merci et c'est quand (vite trouver une excuse) ? — jeudi prochain — (vite, vite, une excuse) âââh jeudi ... ça va pas être possible (vite, vite, trouve une excuse), jeudi j'ai ... euh ... un mariage (un jeudi ! c'est pas crédible !) — ah, pas de chance alors, tant pis, au revoir monsieur (il ne l'a jamais revu).

[rapport]
Le même âge que moi ... enfin ... deux jours de plus ; mais lui, il est malade, il est fatigué, il est vieux alors que moi je suis en pleine forme ! dites : j'ai pas l'air en pleine forme, moi, par rapport à lui ? oui, oui, bien sûr, bien sûr, mais ... dans deux jours ?

[maturité]
Du pas rapide de ses dix ans, il descend la calade cruentée qui mène au petit port de pêche ; de chaque côté les murs chaulés irradient la chaleur accumulée dans la journée ; l'air est lourd de l'odeur des mures mûres : lui ne l'est pas assez pour en être enivré.

[noir]
Le noir du niqab cache tes blonds cheveux , il est un bel écrin pour le bleu de tes yeux ; fille du vent d'ouest et de la mer du nord, quelle tempête t'a fait échouer ainsi ?

1 commentaire:

MAMAN a dit…

j'ai bien aimé, les deux derniers, maturité et noir. Deviendrais-tu écrivain dans cette nouvelle dizaine?